" Les yeux "
Bleus ou noirs, tous aimés tous beaux
Des yeux sans nombre ont vu l'aurore.
Ils dorment au fond des tombeaux
Et le ciel se lève encore.
Oh! Qu'ils aient perdu le regard
Non, non, cela n'est pas possible.
Ils se sont tournés quelque part
Vers se qu'on nomme l'invisible.
Et comme les astres penchants
Nous guettent mais au ciel demeurent,
Les prunelles ont leurs couchants...
Mais il n'est pas vrai qu'elles meurent.
Bleus ou noirs, tous aimés tous beaux,
Tournés vers quelque immence aurore,
De l'autre côté des tombeaux
Les yeux qu'on ferme voient encore
( Albert Samain )